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FRANCE 2 – MARDI 20 AOÛT À 21 H 10 – DOCUMENTAIRE
Observateurs attentifs des corps et conteurs d’aventures humaines, ils ne pouvaient pas passer à côté des Jeux paralympiques de Paris. Aussi, le duo de « portraitistes » comme ils se définissent, s’est-il reconstitué, formé par Thierry Demaizière (intervieweur intimiste pour l’émission « Sept à huit », sur TF1, jusqu’en 2018) et Alban Teurlai, aux images. Pour réaliser A corps perdus, ils ont suivi, dans la durée, six para athlètes et quelques-uns de leurs proches, chez eux, au quotidien et à l’entraînement, intensif, alors que les compétitions se déroulent du mercredi 28 août au dimanche 8 septembre, sur les mêmes sites que les Jeux olympiques.
On connaissait l’aptitude des deux réalisateurs à susciter les confidences – après Lourdes (2019), auprès de pèlerins catholiques, et Allons enfants (2022), auprès de jeunes lycéens. On découvre là un documentaire coup de poing, sans lieux communs ni discours formatés sur l’inclusion, mais avec de la douleur, de la rage et de la bonté.
Le film débute par la rencontre avec trois Français. D’abord, Cédric Nankin, élu « meilleur défenseur au monde » en rugby fauteuil. Né sans bras ni jambes, il doit en partie cet excellent résultat sportif à sa rencontre avec Ryadh Sallem, entrepreneur et athlète qui, à 53 ans, espère remporter avec lui l’or en rugby fauteuil. Puis Anne-Sophie Centis (cyclisme en tandem), qui a définitivement perdu la vue à 20 ans, avant d’avoir deux enfants. Et Alexis Hanquinquant, équipé d’une prothèse lame, après avoir été amputé de la jambe droite à 23 ans.
Tous deux on en commun la colère et la douleur. Lui a choisi le para triathlon, parce que c’est l’une des disciplines les plus exigeantes. « C’est quoi la douleur de l’entraînement par rapport à ce qu’il a enduré ? », commente son entraîneur. Pour elle, le plus dur est de ne pas voir ses fils. Elle a choisi un métier difficile, kinésithérapeute dans un service pour enfants dont « le pronostic vital est engagé », dit-elle. « La souffrance que je vois à l’hôpital me permet de résister à la mienne », ajoute-t-elle.
Le récit prend une dimension différente avec les para athlètes étrangers. Ainsi l’Afghane Zakia Khudadadi, championne d’Europe de para taekwondo. Alors qu’elle s’apprêtait à participer aux Jeux de Tokyo, en 2021, elle s’est retrouvée en danger de mort à l’arrivée des talibans – « Je suis handicapée [un bras atrophié de naisssance], en plus je suis une femme, et hazara », une minorité persécutée. Elle lance alors un SOS via les réseaux sociaux. Une femme, en France, va la sauver.
Au Brésil, lorsque Gabriel Araujo (double médaillé or et argent en para natation) est né, sans bras et avec de très courtes jambes, sa mère, croyante, a estimé que c’était une chance. Elle raconte à la caméra comment elle lui a appris à marcher la tête haute et à sourire. Gabriel sourit effectivement en espérant rapporter de Paris « trois médailles et une photo prise sous la tour Eiffel ».
Oksana Masters n’a, elle, pas connu d’amour maternel. Née en Ukraine avec de graves malformations aux jambes, ses parents l’ont abandonnée, et elle a grandi à l’orphelinat, où elle a été violée. Jusqu’à ce qu’une Américaine l’adopte. C’est en tant qu’athlète paralympique la plus titrée des Etats-Unis qu’elle concourt à Paris. Avec, en tête, une citation de Coco Chanel : « Pour être irremplaçable, il faut être différente. »
A corps perdus, documentaire de Thierry Demaizière et Alban Teurlai (Fr., 2024, 100 min). Diffusé sur France 2 et disponible en replay sur France.tv.
Catherine Pacary
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